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à le scier transversalement et à limiter son extension.[1] Le lac de Distel, dans la vallée de Saas, est formé de la même manière par un glacier. Il a rompu plusieurs fois sa barre en inondant toute la plaine[2]

De pareilles digues, occasionnées par des avalanches de glaces, se voient aussi en Tyrol, où, suivant M. Hoffmann, elles donnent lieu à des lacs d’une étendue considérable[3], tels que les lacs de Rofnen et de Gurglen, qui ont près de 4 000 pieds de large, et qui jusqu’ici se sont toujours écoulés sans causer de dégâts. Le lac de Passey, du côté de l’Adige, est dû à une immense digue ; son origine remonte, dit-on, à l’an 1404 ; depuis lors il n’a cessé d’exister, et jusqu’en 1773 il avait rompu six fois sa digue, en causant chaque fois d’épouvantables ravages dans la vallée de l’Adige.

Il arrive aussi quelquefois que toute la partie inférieure des glaciers se détache spontanément. Des chutes de cette nature ont eu lieu à plusieurs reprises dans les Alpes, et toujours elles ont causé de très-grands ravages, notamment lorsque le glacier était très-élevé au-dessus de la vallée ; elles sont alors d’autant plus redoutables que l’on ne possède aucun moyen de les prévenir. Parfois l’ébranlement qu’elles occasionnent dans l’air

  1. Meissner. Naturwissensch. Anzeiger, 1823, N. 11.
  2. Venetz, dans les Denkschriften der allg. schweizerischen Gesellschaft, Vol. 1, 2e  part., p. 19.
  3. F. Hoffmann, Physikalische Geographie, p. 200.