Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/168

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inférieures du glacier. Au même instant le curé, le marguillier et plusieurs autres personnes aperçurent une vive lueur qui ne dura qu’un instant, pour faire de nouveau place à la plus profonde obscurité. Un coup de vent très-violent, occasionné par la pression de l’air, succéda immédiatement à cette lueur et causa au même instant les plus terribles ravages.

« L’éboulis du glacier n’atteignit pas le village ; mais le coup de vent dont je viens de parler était tellement fort, qu’il transporta des meulières à plusieurs toises de distance et déracina les plus gros mélèzes, qu’il jeta à de grandes distances ; des blocs de glace de quatre pieds cubes furent lancés par dessus le village, par conséquent à plus d’une demi-lieue ; la flèche du clocher en pierre fut enlevée ; des maisons furent renversées jusqu’à leur base, et les poutres de plusieurs bâtimens transportées dans la forêt à une demi-lieue au-dessus du village. Huit chèvres qui étaient renfermées dans une étable, furent lancées à plusieurs cents toises, et, ce qui est des plus remarquables, l’une d’elles fut retrouvée vivante. Jusqu’à un quart de lieue au-dessus du village les toits des granges situées en face du glacier ont été enlevés.

« Dans le village, neuf maisons furent complètement détruites, les treize autres sont toutes plus ou moins endommagées ; dix-huit greniers, huit étables, deux tas de blé et soixante-douze granges ont été ou complètement renversées, ou tellement disloquées,