Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/290

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La disposition des blocs par zones, que M. de Buch a si bien démontrée, est elle-même un argument irrésistible contre sa théorie des courans. En effet, des courans distincts et simultanés dans les vallées du Rhône, de l’Aar, de la Reuss et de la Limmath, après s’être dirigés droit sur le Jura, auraient dû s’écouler soit à l’est, soit à l’ouest, et confondre au pied du Jura les blocs de tous les bassins en coulées longitudinales, au lieu de les déposer par zones distinctes le long de ses pentes. M. de Buch affirme, il est vrai, que les blocs de chaque coulée ont eu leur maximum de hauteur en face de la vallée d’où ils proviennent, et qu’ils s’abaissaient à distance des deux côtés de ce point ; mais nous avons vu que l’observation ne confirme pas ce point de la théorie.

D’ailleurs, cette disposition arquée des zones de blocs serait démontrée, que la difficulté d’expliquer, à l’aide de courans, la position des blocs sur les crêtes les plus hardies, tandis que les vallons intermédiaires en sont dépourvus, n’en existerait pas moins. Ne sait-on pas en effet que même les courans d’une vitesse modérée, lorsqu’ils viennent se briser contre des rochers, déterminent des tournans et des remous d’une violence extrême, qui entraînent tout ce qui est mobile dans leur cours ? Et l’on voudrait que des courans d’un volume et d’une vitesse suffisans pour transporter des masses comme les blocs erratiques, aient pu les déposer dans les positions qu’ils occupent maintenant,