Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/292

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

retrouvent nulle part. Ou, si l’on suppose que la partie liquide seule s’est écoulée, comment a-t-elle pu le faire sans que nos lacs soient restés comblés ? ou si, entassant supposition sur supposition, l’on admet que les parties menues seules se sont écoulées, et que les grands blocs sont restés en place, comment expliquer cette couche de fin sable et de petits cailloux qui forme encore sur tant de points la base sur laquelle les grands blocs anguleux reposent ? et surtout, enfin, comment expliquer, dans la théorie des courans, la forme anguleuse des blocs erratiques, qui, comme nous l’avons vu plus haut, est un de leurs caractères les plus saillans ?

M. Lyell[1], pour concilier les divers phénomènes que présentent les blocs, proposa une autre explication. Il suppose que le transport des blocs anguleux s’est effectué sur des radeaux de glace charriés par des courans d’eau, à-peu-près de la même manière que les glaces du Nord charrient les blocs qu’elles déposent sur les côtes septentrionales de l’Europe. M. Lyell cite plusieurs exemples de blocs transportés ainsi à de grandes distances, par des massifs de glace que le poids des blocs fait enfoncer aux trois quarts de leur volume. Cette explication, quoique très-ingénieuse, n’est cependant pas applicable aux blocs erratiques du

  1. Charles Lyell, Esq. Sur les preuves d’une élévation graduelle du sol, dans certaines parties de la Suède. Phil. Trans. 1835. ― Voyez la traduction française par M. L. Coulon, dans les Mém. de la Société des sciences naturelles de Neuchâtel, Vol. 1.