Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/297

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teint la surface du Jura, depuis l’époque du transport des blocs erratiques, ou, en d’autres termes, que ces roches, qui furent polies lors du transport des blocs, n’ont pas été disloquées depuis. Mais comme ces roches polies se trouvent sur toute la rive septentrionale des lacs de Neuchâtel et de Bienne, nous en concluons que les lacs suisses existaient déjà à cette époque ; de même que la continuité des moraines sur les deux rives du lac de Genève nous fournit la preuve que ce bassin aussi est antérieur au transport des blocs, puisqu’il a précédé la formation des moraines.

Indépendamment de cette couche de cailloux roulés et de sable intermédiaire entre les blocs erratiques et les roches polies, on remarque encore, sur plusieurs points de la pente du Jura, des dépôts stratifiés de ces mêmes débris, qui se rattachent sans doute aussi au grand phénomène du transport des blocs, mais qui doivent leur disposition actuelle à des accidens particuliers. Ces dépôts se composent de galets arrondis, d’un sable plus ou moins fin, et parfois même de limon : tous ces matériaux sont parfaitement identiques avec ceux de la couche de gravier qui se trouve sous les blocs ; leur stratification est irrégulière, par lits diversement inclinés et s’enchevêtrant fréquemment les uns dans les autres ; leur position varie autant que leur arrangement intérieur ; cependant c’est le plus souvent au bord des gradins et dans les dépressions du sol qu’ils se trouvent. Le plus bel exemple d’un pareil