Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/329

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dans la direction de l’Est à l’Ouest, en contournant les Alpes du Pays d’en Haut, pour se grossir encore des affluens du bassin de la Sarine, on ne trouvera plus rien d’extraordinaire dans le niveau des roches polies et des blocs erratiques du Jura et dans la distribution de ces derniers sur les pentes méridionales de cette chaîne.

En effet, les rives du lac de Bienne sont à un niveau de 1 400′, et les plus hautes sommités du Jura où l’on observe des roches polies incontestables, à environ 3 000 pieds ; ce qui laisse toujours une différence de niveau de 4 à 5 000 pieds sur une distance de 12 lieues ; circonstance qui place ces mers de glace dans des conditions semblables à celles de certains glaciers ordinaires : car le glacier inférieur de l’Aar n’est pas le moins incliné, et sur plusieurs points de sa longueur sa pente est bien moins faible que ne l’indique la somme de son inclinaison dans tout son cours[1].

L’objection qu’a faite M. Mousson[2], qu’un mouvement dans un sens déterminé, dans une masse pareille est impossible, parce que la glace se dilate

  1. La pente du grand glacier d’Aletsch est, d’après M. Élie de Beaumont, de 2° 68′ sexagés. Celle de la Mer de glace de Chamonix, à l’endroit où les glaciers de Tacul et de Léchaud se confondent dans un même lit, est de 3° 15′ ; celle de la Pasterze dans sa partie la plus uniforme, de 3° 20′. ― Dufrénoy et Élie de Beaumont, Mémoires, etc., Tom. IV, p. 215.
  2. Geologische Skizze, etc., p. 90.