creusait encore, par ses mouvemens, des érosions à la surface du sol qui, après le retrait complet des glaces, se sont maintenues sous la forme de vallées ou de simples dépressions sur un sol généralement égalisé. Et d’abord la plus grande dépression de la molasse me paraît un effet de la débâcle des glaciers, qui a dû être surtout considérable lorsque les masses de glace qui remplissaient de grandes dépressions, comme par exemple nos lacs, sont venues à se soulever ; ces glaces ont même pu flotter à de grandes distances et charrier des blocs au loin, comme cela arrive dans le Nord ; car l’ablation presque constante de la couche de fin sable et de gravier de dessous les blocs, au pied du Jura, jusqu’à un niveau d’environ 300 pieds au-dessus du lac, semble indiquer que le courant occasionné par cette débâcle, a généralement pu s’élever aussi haut ; tandis qu’à 5 et 600 pieds au-dessus du lac on retrouve déjà presque partout cette couche.
Les traces les plus évidentes de courans que l’on rencontre dans la plaine suisse et dans le bas des vallées alpines sont ces amas irrégulièrement stratifiés de cailloux roulés et de détritus de glaciers, qui proviennent de l’époque de leurs plus grandes débâcles : la vallée de l’Aar nous en offre de beaux exemples. Le remaniement des terrains diluviens et la dispersion des ossemens fossiles qu’ils renferment, me paraissent devoir être en partie attribués à cette cause, et en partie au mouvement même des nappes de glace :