Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/42

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à mesure que de nouvelles eaux viennent s’y infiltrer et que la masse entière chemine dans le sens de sa pente (Voy. chapitre XII, Du mouvement des glaciers). La transformation du névé en glace s’opère généralement de bas en haut, par la raison fort simple que l’eau, tendant continuellement à descendre, c’est la partie inférieure du névé qui s’imbibe la première. Il en résulte que, dans la plupart des cas, le fond est à l’état de glace, tandis que la surface est encore à l’état de névé ; c’est en effet ce que démontrent les observations de MM. de Saussure, Zumstein et Hugi ; et j’ai eu moi-même plusieurs fois l’occasion de faire cette observation au glacier de l’Aar et au glacier de Zermatt.

Le névé lui-même n’est en définitive autre chose qu’une neige congelée ; c’est le glacier dans son premier développement. Sa structure grenue est le résultat de la gelée, et l’eau est en quelque sorte le ciment qui, en se congelant, transforme cette masse granuleuse en une masse compacte. J’envisage les grains du névé comme l’origine de cette structure fragmentaire ou de ces soi-disant cristaux qui se retrouvent dans la glace de tous les glaciers, quelle que soit sa compacité ; car lorsqu’on ne les aperçoit pas au premier coup-d’œil, il suffit d’humecter la surface avec un peu d’acide ou tout autre liquide coloré, pour les voir aussitôt se dessiner avec la plus grande netteté ; on entend en même temps un léger bruit de