Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/47

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Saussure lui-même a été le premier à reconnaître son erreur, puisqu’il rapporte au § 1981 (Tom. IV, p. 163) qu’en traversant le premier plateau de neige qui entoure la cime du Mont-Blanc, il observa d’énormes cubes de glace (séracs voy. plus bas) qui étaient descendus du dôme du Goûté et dont « le fond ou la partie qui avait été contiguë au roc était une glace à petites bulles, translucide, blanche, dure et plus compacte que celle des glaciers. » Pour éviter toute cause d’erreur il ajoute même dans une petite note au bas de la même page : « La vue de cette glace si blanche, ressemblant à de la neige, me prouve que j’avais bien pu me tromper lorsque, du haut du Cramont, j’avais cru pouvoir affirmer que les calottes qui recouvrent le Mont-Blanc et les sommités voisines sont en entier de neige et non point de glace. » Nous verrons plus tard en traitant de la couleur des glaciers que c’est un fait général que la glace perd ses teintes verdâtres et bleuâtres dans les hautes régions.

M. Zumstein rapporte[1] que lors de sa seconde ascension du Mont-Rose, en 1820, il passa la nuit dans une immense crevasse, à une hauteur de 13 128 pieds. Les parois de cette crevasse étaient de glace très-compacte et d’un bel azur. Or la présence d’une crevasse et d’un massif de glace compacte à cette hauteur,

  1. Von Welden. Der Monte-Rosa, p. 127 et s.