Page:Ages (des) - La grand-mère de Gilberte, suivi de La madone de Mailleras, 1878.djvu/111

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
109
LA MADONE DE MAILLERAS

et tout en fredonnant quelque refrain d’une chanson du pays, le chemin de la maison où Lizzie l’attendait. En arrivant, il se mit à courir et à danser comme un enfant, et sa sœur lui demanda quel accès de gaieté le prenait ainsi ; car elle voyait bien qu’il s’était passé quelque chose d’extraordinaire.

« Sœur, sœur, écoute ! dit-il d’un ton triomphant, apprête-toi à célébrer ma gloire et à être fière de porter mon nom ; car voilà que je suis sur la voie pour devenir un grand peintre ! » Et il brandissait devant les yeux de Lizzie le dessin qu’il venait de faire durant sa séance de l’après-midi.

Lizzie examina, et, bien qu’elle n’y connût pas grand’chose, cette vue au crayon lui sembla représenter si exactement l’étang des Roseaux, qu’elle eut comme un pressentiment certain de la vocation de son frère.

« Comment as-tu fait cela ? dit-elle ; car jamais tu n’as si bien réussi.

— Je crois bien, répondit l’enfant, tout fier de l’admiration de sa sœur ; j’ai eu un vrai maître aujourd’hui, et, si tu veux, je l’aurai encore demain et les autres jours. »

Et il se mit à raconter à Lizzie ce qui lui était arrivé, et l’offre du peintre, qui voulait