Page:Ages (des) - La grand-mère de Gilberte, suivi de La madone de Mailleras, 1878.djvu/56

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
54
LA GRAND’MÈRE DE GILBERTE

filet aux larges mailles. Au fond du salon, Gilberte, avec une figure sérieuse, — oui, vraiment sérieuse, j’ai bien dit, — est assise sur une petite chaise et lit gravement un ouvrage qui a toute l’apparence d’un livre de piété.

C’est que Gilberte fera sa première communion dans huit jours, et, sans être triste, il s’en faut, elle est grave à l’approche de ce grand jour ; le voile qu’ourle Anne-Marie est celui qui doit lui servir, car sa mère a voulu que sa toilette fût très-simple et entièrement préparée par sa sœur et par elle.

« Anne-Marie, dit-elle tout à coup en relevant la tête, je voudrais n’être pas en blanc pour ma première communion.

— Et pourquoi cela ? C’est l’usage, et puis c’est si joli !

— Parce qu’hier, quand j’ai essayé ma toilette, Florence a dit que j’étais jolie à croquer ; et j’ai peur d’avoir de la vanité, un jour comme celui-là !

— Sois tranquille, lui répondit sa sœur en souriant, ce jour-là tu n’auras pas de vanité, tu verras. Tu ne penseras qu’au bon Dieu.

— Je pense maintenant à ma confession.