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vinrent assiéger la maison de « l’Inglis Giavour ». L’Anglais se défendit courageusement. Il avait déjà fait éloigner de la maison son enfant au moyen d’un Arménien. Il prit un fusil, il en donna un autre à sa femme, et tous les deux se mirent à tirer par les fenêtres sur la foule assemblée. Quatre ou cinq Turcs furent tués ; les autres, désespérant de pouvoir saisir tout vivants l’anglais et sa femme, mirent le feu à la maison, en croyant qu’ils se rendraient peut-être devant ce danger de mort imminent. Mais les deux Anglais continuèrent à tirer, et lorsque les flammes envahirent toute la maison, ils s’embrassèrent et se jetèrent dans le feu[1].

Lorsque les Zeïtouniotes apprirent que les Turcs avaient brûlé, à Marache, un Haï-Krisdoné[2] ils devinrent furieux et décidèrent de le venger.

En plein mois de décembre, traversant la neige qui s’élevait à une hauteur d’un mètre, ils passèrent par le mont d’Akher-Dagh, entrèrent à

  1. Les Zeïtouniotes ont composé un poème épique pour célébrer l’héroïsme de cet admirable couple, et le nom de Kirmani est honoré à Zeitoun à l’égal d’un héros national.
  2. Haï-Krisdoné veut dire arménien-chrétien. Les Zeïtouniotes confondent la nationalité avec la religion : pour eux, tout Arménien est chrétien, et tout chrétien est Arménien ; ils croient que l’Anglais, le Français, le Grec et tous les peuples chrétiens sont frères et sont Arméniens.