Page:Aghassi - Zeïtoun.pdf/129

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’Ané-Tsor jusqu’au cimetière, à dix minutes de Zeïtoun ;

Malheureusement la retraite des Arméniens avait été si rapide que les Zeïtouniotes désignés pour la garde du couvent Sourp-Asdvadsadsine n’eurent pas le temps de se rendre à leur poste. Il n’y avait dans le couvent qu’un vieux vartabed, un diacre et une dizaine d’élèves de dix à douze ans.

Les Circassiens descendirent vers le couvent par les pentes rocheuses de derrière ; une partie d’entre eux l’assiégea, les autres descendirent plus bas, jusque dans la vallée orientale, pour entrer à Zeïtoun. Du couvent jusqu’au croisement des deux rivières de Zeïtoun, sur un espace d’une demi-heure, s’étendait la chaîne colossale de l’armée turque. À quinze minutes du couvent, vers l’ouest, ils avaient établi un canon qui grondait sur la ville. Une bande de mollahs et de derviches, divisés en plusieurs dizaines, tournoyaient le long des troupes en hurlant : « Haï, heuï ! » Ils excitaient par des prières la fureur fanatique des soldats turcs, ils battaient des tambours pour chasser les démons, et quelques-uns d’entre eux s’évanouissaient parfois en écumant, à force d’implorer le Prophète d’arriver au secours de ses fidèles.