Page:Aghassi - Zeïtoun.pdf/174

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Non content de pressurer les paysans arméniens, ces représentants voulurent aussi les blesser dans leurs sentiments les plus intimes ; ils emmenèrent de Marache une Arménienne, l’installèrent dans une maison du quartier de Boz-Baïr et permirent aux soldats de s’en servir comme d’une prostituée. Les Zeïtouniotes qui n’ont jamais supporté qu’une Arménienne se prostitue à des Turcs, démolirent cette maison et chassèrent la femme de leur ville, au mois d’avril 1895.

Le juge et le major voulurent arrêter quarante des notables de Boz-Baïr pour les exiler ; ceux-ci prirent leurs armes et envoyèrent cette réponse : « Cette fois, notre prison, ce sera la montagne. » Le major et le juge télégraphièrent au Sultan que les Zeïtouniotes s’étaient insurgés. Le Sultan communiqua cette dépêche au gouverneur général d’Alep ; celui-ci envoya le gouverneur de Marache à Zeïtoun pour apaiser le trouble ; le gouverneur pardonna aux insurgés et rétablit la tranquillité.

La douceur de la conduite du gouverneur dissimulait des desseins perfides. C’était à l’époque où l’Angleterre, à la suite des massacres de Sassoun, présentait, d’accord avec la France et la Russie, un