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et, unie dans un grand sentiment de fraternité nationale, tourna son attention contre les abus et les injustices du régime régnant. Ce mouvement causa une grande inquiétude au gouvernement, qui crut alors avoir commis une faute en laissant pénétrer les missionnaires en Arménie. J’ai entendu moi-même quelques hauts fonctionnaires turcs s’en plaindre : « Nous avons commis une grosse faute, disaient-ils, en laissant ces missionnaires se répandre en Arménie ; ils ont ouvert des écoles, ils ont éclairé le peuple et lui ont donné des idées subversives, et ils ont introduit avec eux l’intervention de leur gouvernement dans toutes les affaires intérieures du pays ; ils ont enchaîné notre liberté d’action. »

Le Père Salvatore avait déjà cessé de compter sur la protection du gouvernement ; il eut l’idée d’inviter Kutchuk-Agha, le maire du village turc de Kaïchli, à venir avec ses hommes défendre son couvent en échange d’une somme qui lui serait payée chaque jour.

Le samedi 16 novembre, l’après-midi, deux bataillons conduits par le colonel Mazhar-Bey, étaient venus camper entre Moudjik-Déré et Kaïchli, qui étaient à deux kilomètres de distance l’un de l’autre.