Page:Agnès de Navarre-Champagne - Poésies, 1856.djvu/63

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Mais si je suis loing de vous sans liesse,
Ne pensez jà que d’amer me repente,
Car loyauté me doctrine et adresse
A vous amer en très loyale entente.
Si que cuer, penser, amour,
Voloir, plaisance et désir, sans retour
Ay je esloingné de tous et arrièr mis,
Et tout pour vous, biaus, dous, loyaus amis.

Ile

Amis, vostre demourée
Fait mon cuer plaindre et doloir,
Com dolente et esplourée,
Quant je ne vous puis veoir
Et selonc l’amour pour voir,
Dont je vous aim si loyaument,
Trop compère amours chièrement.

J’ay moult dure destinée,
Qu’en vous avez mon espoir
Et mon cuer et ma pensée,
Et il vous convien manoir
En sus de moy main et soir •
Dont mes dolens cuers vraiement
Trop compère amours chièrement.

Las ! ainsi suy esgarée,
Com celle quin’ay povoir
D’avoir chose à ma grée
Sans vous : car en non chaloir
Ay mis tout joieus voloir ;