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Page:Agnès de Navarre-Champagne - Poésies, 1856.djvu/85

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CHANSONS.




i.


Deux choses sont qui me font à martire (32)
Vivre et languir, dont mes cuers trop soupire :
La première est que mes très doulz amis,
Qui sa pensée et tout son cuer ha mis
En moy servir et amer loyaument,
Ne puet, ne vuet ou ne sut nullement
Géhir à moy sa doleur et sa peine,
Ne que je suis sa dame souveraine,
Et sy voy bien qu’il vit à grant dolour,
Dont il ha taint son vis et sa coulour.
Et vraiement moult volentiers guerroie,
À mon honneur, son bien, sa pais, sa joye.

La seconde chose est qu’il n’affiert mie
Que de ma bouche, ou par semblant, li die
Que mes cuers est tous siens où. que je soie,
Qu’en ce faisant, contre m’onneur feroie.