Cette condamnation n’est pas la seule de cette espèce. En 1499 un jugement du bailliage de l’abbaye de Beaupré, ordre de Citeaux, près Beauvais, rendu sur requête et information, condamna à la potence jusqu’à mort inclusivement un taureau « pour avoir par furiosité occis un joine fils de quatorze à quinze ans, » dans la seigneurie du Cauroy, qui dépendait de cette abbaye[1].
Les chevaux étaient aussi poursuivis criminellement à raison des homicides qu’ils avaient commis. Les registres de Dijon constatent qu’en 1389 un cheval, sur l’information faite par les échevins de Montbar, fut condamné à mort pour avoir occis un homme[2].
Dès le treizième siècle Philippe de Beaumanoir, dans ses Coutumes du Beauvoisis, n’avait pas craint de signaler en termes énergiques l’absurdité de ces procédures dirigées contre les animaux à raison des homicides qu’ils avaient commis. « Ceux, disait-il, qui ont droit de justice sur leurs terres font poursuivre devant les tribunaux les animaux qui commettent des meurtres ; par exemple lorsqu’une truie tue un enfant, on la pend et on la traîne ; il en est de même à l’égard des autres animaux. Mais ce n’est pas ainsi que l’on doit agir, car les bêtes brutes n’ont la connaissance ni du bien ni du mal ; et sur ce point c’est justice perdue : car la justice doit être établie pour la vangeance du crime et pour que