Page:Agnel, Émile - Curiosités judiciaires et historiques du moyen âge - Procès contre les animaux.djvu/17

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des peines proportionnées aux délits dont ils étaient convaincus[1]. »

On pensait que le supplice du gibet appliqué à une bête coupable d’un meurtre imprimait toujours l’horreur du crime, et que le propriétaire de l’animal ainsi condamné était suffisamment puni par la perte même qu’il faisait de cet animal. Telles étaient les idées de nos pères sur le point qui nous occupe ; mais elles se modifièrent successivement. En effet, à partir de la seconde moitié du seizième siècle, les annales de la jurisprudence ou les historiens ne nous offrent plus d’exemples de condamnations capitales prononcées contre des bœufs ou des pourceaux, à raison du meurtre d’un homme ou d’un enfant. C’est qu’à cette époque on avait presque renoncé à ce mode de procédure aussi absurde que ridicule contre les animaux, et que pour la poursuite

    ger ne se justifie pas au point de vue de l’hygiène et de l’économie domestique. »

    Le Lévitique, chapitre XX, verset 15, s’exprime en ces termes : « Qui cum jumento et pecore coierit, morte moriatur : pecus quoque occidite. »

  1. La charte d’Éléonore, rédigée en 1395 et appelée Carta de logu, charte qui renferme le corps complet des lois civiles et criminelles de la Sardaigne, porte que les bœufs et vaches sauvages ou domestiques peuvent être tués légalement, quand ils sont pris en maraudage. Les ânes atteints et convaincus du même délit, ce qui ne leur arrive guère moins souvent, sont traités avec plus d’humanité. On les assimile en pareil cas à des voleurs d’une condition plus relevée. La première fois qu’on trouve un âne dans un champ cultivé qui n’est pas celui de son maître, on lui coupe une oreille. La récidive lui fait couper la seconde. Puis une troisième fois en flagrant délit, le coupable n`est pas pendu, comme ceux de l’autre espèce, mais il est dûment confisqué au profit du prince, dont il va immédiatement grossir le troupeau. (Mimaut, Histoire de Sardaigne, ou la Sardaigne ancienne et moderne, t. Ier, p. 445 et 446).