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PREMIER DIALOGUE.

en venant de Portrieux, vos regards s’arrêtaient avec plaisir sur la pourpre de nos bruyères et sur les tons rosés de nos champs de blés noirs. Ne me disiez-vous pas aussi que la lumière qui descendait à ce moment sur nos campagnes vous rappelait les brumes transparentes qui, à certains jours d’automne, enveloppent le Lido ?

DIOTIME.

En effet, la nature, en ses diversités les plus frappantes, a des rappels soudains à la grande unité. Il en est ainsi des hommes de génie c’est le même Dieu, c’est le Dieu unique, éternel, qui parle par leur voix sur des modes divers. Il ne tiendrait qu’à nous de l’y reconnaître.

ÉLIE.

Je vois où vous voulez en venir ; et, si vous restez dans ces généralités, je me garderai de vous contredire. Mais précisons davantage et dites-moi, je vous prie, quels sont ces rappels, ces analogies, que vous avez su découvrir entre deux œuvres où je n’ai jamais pu voir qu’opposition et contraste ?

Élie parlait encore, qu’on vit surgir à l’extrémité de la grève, en pleine lumière, un point noir. Ce point noir se mouvait et venait vers eux rapidement. Presque aussitôt, on put distinguer un cavalier et une amazone, dont la robe flottante semblait poussée par le vent et le défier de vitesse. Un lévrier de grande taille courait devant les chevaux. Il bondissait de rocher en rocher.