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CHAPITRE II

Les banquets. — MM. de Lamartine, Odilon Barrot, Ledru-Rollin, Louis Blanc.



Cette agitation des esprits, très-favorable en apparence aux manifestations réformistes, n’avait pas néanmoins une grande profondeur. Dans les provinces, la plupart des banquets furent moins une affaire de principes qu’une révolte d’amour-propre. Chaque ville voulut avoir son banquet présidé par un député en renom.

Le premier en date, offert à l’auteur de l’Histoire des Girondins par sa ville natale, le banquet de Mâcon, eut un caractère particulier, quelque chose de recueilli, d’attendri comme une fête de famille, malgré un concours de convives et de spectateurs tel que cela s’était vu seulement en nos meilleurs jours de joie civique ; quelque chose aussi de saisissant pour l’imagination et de prophétique, lorsqu’aux derniers grondements du tonnerre, à la vue d’un ciel sombre sillonné d’éclairs, sous une tente battue par l’ouragan, on entendit, dominant le craquement des charpentes, le sifflement du vent dans les toiles déchirées, le bris des tables, des bancs, des vaisselles et le tumulte d’une foule en désordre, la voix sévère d’un poëte prédire la chute du trône et le renversement de la monarchie.

Il est temps que nous nous occupions de M. de Lamartine. Les événements vont se presser et nous emporter avec