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CHAPITRE V

Discussion de l’adresse à la Chambre des députés.


La Chambre des députés était présidée, depuis 1839, par M. Sauzet, avocat de Lyon, qui avait acquis, en 1830, par la défense de M. de Chantelauze, quelque célébrité. Parvenu aux honneurs, M. Sauzet ne s’était pas montré à la hauteur de l’opinion qu’on avait conçue de lui. Il n’avait su prendre sur la Chambre aucune autorité. Il la présidait avec mollesse bien qu’avec une partialité marquée pour le parti conservateur. L’indolence de son esprit et de son caractère se trahissait dans toute sa personne et le rendait très-impropre, surtout dans les moments de crise, à l’importante fonction qui lui était confiée.

Sur les bancs de la gauche, où siégeaient l’opposition dynastique et quelques républicains, on distinguait MM. Odilon Barrot, Arago, Garnier-Pagès, Dupont (de l’Eure), Carnot, de Courtais, Bethmont, Crémieux, Ledru-Rollin. Malgré l’idée qu’on s’était faite au Château, aucun de ces hommes, si l’on excepte M. Ledru-Rollin, n’était dévoré de passions ennemies, ni même animé de l’esprit révolutionnaire. Les uns étaient des hommes réfléchis, trompés une fois déjà par la révolution de 1830, et qui ne croyaient plus guère aux programmes de l’Hôtel de Ville. Les autres siégeaient là par tradition de famille, par respect humain, par honneur, pour ne pas mentir à un passé trop engagé,