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DE LA SECONDE ÉDITION

Quant à moi, si je dois dire toute ma pensée, loin de considérer comme un mal les dispositions présentes de la jeunesse, je serais tentée plutôt d’y applaudir. Loin de m’inquiéter, ce doute sérieux et sincère qu’elle porte sur toutes choses me rassure. Il m’apparaît, non comme un ennemi, mais comme un auxiliaire de la Révolution. J’y trouve, plus sûrement que dans certains enthousiasmes, une garantie contre la durée de ces réactions extrêmes qui suivent, d’ordinaire, nos grands élans politiques. Il me semble y voir l’impossibilité d’un retour vers l’ordre ancien, vers ces droits de mystérieuse origine qu’invoquent encore tout bas de prétendus croyants, au mépris du progrès de la raison humaine.

L’esprit de critique et d’examen qu’est-ce autre chose, en effet, que la nécessité révolutionnaire qui, de Descartes à Condorcet, de Calvin à Voltaire, n’a cessé, depuis trois siècles, d’agiter et de pousser en avant la pensée française ?


À Vous donc, jeunes esprits sceptiques, j’oserai dédier ici un livre plein de foi. Je me persuade que vous ne dédaignerez pas d’y lire l’histoire d’une révolution à laquelle vous devez cet affranchissement complet, cette prédominance exclusive de la raison qui vous semble à charge, à cette heure, comme une richesse sans emploi, mais qui, vienne le jour de la