Page:Agoult - Histoire de la révolution de 1848, tome 1.djvu/164

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
148
HISTOIRE

des pétards et des flambeaux pour le service de nuit. Tout semblait donc hâter le conflit, mais ce n’était là qu’une apparence. Pendant qu’on amusait le public par de démonstrations extérieures, par des menaces, par des grands airs de courroux, les dispositions pacifiques du comité réformiste prenaient le dessus dans l’intimité des conseils ; elles éclataient dans le choix même du lieu de réunion pour le banquet. Comment un mouvement populaire aurait-il pu prendre quelque consistance et résister au moindre déploiement de troupes, dans les larges avenues des Champs-Élysées, sur un terrain ouvert de toutes parts ? La pensée n’en pouvait venir à personne. Mais ce n’était pas tout. À force de pourparlers et d’intrigues, M. Thiers, secondé par MM. Vitet et de Morny, avait fait accepter de part et d’autre des conventions qui achevaient de rendre la ma-

    de rappeler, et qu’elle ne justifie point les irrégularités signalées dans les mesures prises par le sergent-major.

    « garde nationale du département de la seine.
    Paris, le 8 février 1848.
    Monsieur le rédacteur,

    Vous avez supposé que les lettres de service préparées dans la 10e légion, conformément aux précédents qui y étaient établis, l’avaient été par suite des instructions données par l’état-major général. J’affirme, au contraire, qu’aucun ordre semblable n’a été envoyé aux chefs de légion. Le colonel de la 10e a été seulement prévenu qu’en cas de troubles, le premier ordre qu’il recevrait serait de réunir le plus promptement possible, au chef-lieu de l’arrondissement, un piquet de réserve de cent gardes nationaux. Il a cru devoir, dans un esprit de justice, faire peser ce service dans toutes les compagnies de la 10e légion, si cette prise d’armes a lieu. Les gardes nationaux qui sont commandés seront certainement fort surpris de se trouver classés, par le National, comme des hommes dépendants et d’une obéissance obligée.

    De semblables choix fausseraient gravement en effet l’institution de la garde nationale. Ils ne seraient assurément autorisés ni par le commandant supérieur, ni par son chef d’état-major.

    Recevez, etc.

    Le maréchal de camp, chef de l'état-major général,
    Carbonnel. »