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HISTOIRE

les avis pusillanimes, les défections étaient venues, et M. Duchâtel se crut assez fort pour jeter bas toute espèce de masque. Il était las de ces négociations interminables ; il lui tardait d’en finir. Le manifeste du comité du banquet, publié, le 21 au matin, dans tous les journaux, lui en fournit l’occasion. Il la saisit.

La rédaction de ce manifeste avait été confiée à M. Marrast. M. Barrot entendait que ce fût un simple programme de la cérémonie. M. Marrast en fit un véritable appel au peuple. Voici comment il s’exprimait :

« Comme il est naturel de prévoir que cette protestation publique peut attirer un concours considérable de citoyens, comme on doit présumer aussi que les gardes nationaux de Paris, fidèles à leur devise de Liberté, Ordre public, voudront en cette circonstance accomplir ce double devoir ; qu’ils voudront défendre la liberté en se joignant à la manifestation, protéger l’ordre et empêcher toute collision par leur présence ; que, dans la prévision d’une réunion nombreuse de gardes nationaux et de citoyens, il nous semble convenable de prendre des dispositions qui éloignent toute cause de trouble ou de tumulte.

La commission a pensé que la manifestation devait avoir lieu dans un quartier de la capitale où la largeur des rues et des places permît à la population de s’agglomérer sans qu’il en résultât d’encombrement.

À cet effet, les députés, les pairs de France et les au-

    donner un autre exemple aux peuples, à leur montrer que, dans les pays libres, l’attitude calme et ferme du citoyen respectant la loi, défendant son droit, est la plus irrésistible comme la plus majestueuse des forces nationales. Deux grands résultats seront ainsi obtenus : la consécration d’un droit inhérent à toute constitution libre, et la preuve éclatante du progrès de nos mœurs politiques. Les députés de l’opposition comptent donc sur la sympathie et sur l’appui de tous les bons citoyens, comme ceux-ci peuvent compter sur leur dévouement infatigable et sur la fermeté de leurs résolutions. Séance tenante, il a été donné lecture d’une lettre par laquelle les députés acceptent l’invitation des commissaires du douzième arrondissement ; quatre-vingt-sept députés l’ont déjà signée. »