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HISTOIRE DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

pressantes, n’avait rien statué quant à la régence. Le nom de madame la duchesse d’Orléans, substitué à celui de M. le duc de Nemours, était un acte illégal, une usurpation de pouvoir inspirée aux amis de la dynastie, à MM. Dupin, de Girardin, Crémieux, Odilon Barrot, par l’impérieuse nécessité des circonstances. Le duc de Nemours, il faut le dire à sa louange, non-seulement n’avait opposé aucune résistance à une telle violation de ses droits, mais avait voulu accomplir son sacrifice en personne, sanctionner de sa présence la décision de la Chambre, qui l’allait dépouiller, et partager, avec la femme de son frère, les dangers d’une telle entreprise.

Les acclamations qui viennent d’accueillir le nom de madame la duchesse d’Orléans enhardissent M. Dupin ; il demande qu’elles soient constatées au procès-verbal. « Messieurs, dit-il, vos acclamations, si précieuses pour le nouveau roi et pour madame la régente, ne sont pas les premières qui l’aient saluée ; elle a traversé, à pied, les Tuileries et la place de la Concorde, escortée par le peuple, paria garde nationale, exprimant ce vœu, comme il est au fond de son cœur, de n’administrer qu’avec le sentiment profond de l’intérêt public, du vœu national, de la gloire et de la prospérité de la France. Je demande, en attendant que l’acte d’abdication, qui nous sera remis probablement par M. Barrot, nous soit parvenu, que la Chambre fasse inscrire au procès-verbal les acclamations qui ont accompagné et salué ici, dans cette enceinte, M. le comte de Paris, comme roi de France, et madame la duchesse d’Orléans comme régente, sous la garantie du vœu national.

– Messieurs, dit le président, il me semble que la Chambre, par ses acclamations unanimes… »

Des protestations éclatent, à ces mots, sur les bancs de la gauche et de la droite, et surtout parmi la foule qui se presse au pied de la tribune. Madame la duchesse d’Orléans et ses enfants sont poussés, heurtés, par cette foule qui ne