Page:Agoult - Histoire de la révolution de 1848, tome 1.djvu/315

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
299
HISTOIRE DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

communications s’établirent avec le ministère de l’intérieur, où M. Odilon Barrot, entretenu dans ses illusions et secondé par MM. Garnier-Pagès, de Malleville, Gustave de Beaumont, Bixio, Pagnerre, rêvait encore le triomphe de l’opposition dynastique. Des personnages d’opinions bien diverses vinrent, pendant cet intervalle, faire acte d’adhésion à la régence et promettre un concours actif à l’Hôtel de Ville. « Si le parti de la Réforme ne l’emportait pas sur l’heure, disaient quelques républicains de la rédaction du National, la régence, fortement appuyée par eux, serait infailliblement proclamée ayant la fin du jour par les députés, par la garde nationale, par la population tout entière rendue à elle-même après un premier moment de surprise. »

Pendant que madame la duchesse d’Orléans écoutait d’une oreille incrédule ces assurances d’un zèle bien récent, et montrait, par sa résolution à rester dans Paris, que, du moins, on ne pourrait pas accuser sa faiblesse si le succès ne répondait point à l’attente[1], le gouvernement provisoire nommé à la Chambre s’acheminait vers la place de Grève, où le peuple, maître sans coup férir de l’Hôtel de Ville, inaugurait à sa manière le gouvernement républicain.

Sorti le premier du palais Bourbon, M. de Lamartine, après avoir attendu quelques instants ses nouveaux collègues, avait pris la tête du cortège. M. Bastide et un officier de la première légion, le capitaine Saint-Amant, lui donnaient le bras. Le capitaine Dunoyer, entouré de sa petite escorte, et portant le drapeau tricolore, qu’il avait maintenu pendant toute la séance à la tribune des orateurs, le suivait. MM. Laverdant et Cantagrel, rédacteurs de la Démocratie pacifique, quelques élèves des écoles et quelques gardes nationaux, se pressaient autour de lui. À peu de dis-

  1. « Il faut qu’un roi, même un roi de neuf ans, sache mourir debout. » disait cette noble mère à ceux qui insistaient trop vivement pour qu’elle mît la vie de son fils en sûreté.