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HISTOIRE

entre lui et la majorité du conseil une lutte sourde d’abord, mais de moins en moins dissimulée, qui fit en grande partie la faiblesse du pouvoir, paralysa son action et n’aboutit, après des crises funestes au pays, qu’à une neutralisation de forces dont profitèrent seuls les partis hostiles à la République.

Cette divergence profonde entre la majorité et la minorité du conseil se trahit au moment même où l’on allait délibérer sur les termes de la proclamation par laquelle on annonçait au peuple son propre triomphe et la chute de la dynastie. M. de Lamartine en avait d’abord rédigé une qui contenait ces mots : « Le gouvernement provisoire déclare que la République est adoptée provisoirement par le peuple de Paris et par lui ; » et encore : « sous le gouvernement populaire et républicain, proclamé par le gouvernement provisoire, » etc. Cette rédaction mécontenta également les deux partis. MM. Louis Blanc, Ledru-Rollin, Flocon, voulaient proclamer la République simplement et sans aucune condition de ratification. MM. Garnier-Pagès, Marie, Dupont (de l’Eure), voulaient qu’on se tût sur la forme définitive du gouvernement ; ils admettaient tout au plus l’expression d’une préférence pour le gouvernement républicain. M. Arago refusait d’apposer son nom a un acte qu’il qualifiait d’usurpation. Pour tourner l’écueil, MM. de Lamartine et Crémieux, qui tenaient la plume, s’efforçaient de trouver des expressions neutres, acceptables pour toutes les susceptibilités. La chose n’était pas facile. Bien des rédactions furent successivement proposées et rejetées. Enfin, l’on en adopta une de la main de M. de Lamartine, qui fut sur-le-champ envoyée au Moniteur. Elle était ainsi conçue :

    que donne M. Louis Blanc, dans une lettre datée de Londres, 23 janvier 1862, de son insistance pour se faire admettre, avec Albert, dans le gouvernement provisoire, au même titre que MM. de Lamartine, Arago, etc. (Voir aux Documents historiques, n° 7)