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HISTOIRE

acte de confiance et même de zèle en refusant de fuir et en envoyant une somme de cinquante mille francs pour les blessés de Février. On voyait en tête des listes de souscription les noms les plus illustres. Les grandes dames légitimistes ou orléanistes, la duchesse de Maillé, la marquise de Lagrange, la comtesse de Chastenay, la comtesse de Biencourt, la comtesse de Lamoignon, etc., quêtaient en compagnie de mesdames Flocon, Ledru-Rollin, Marrast, pour les blessés de Février[1].

M. Thiers et les principaux membres de la Chambre des députés, MM. Odilon Barrot, de Malleville, Duvergier de Hauranne, qui croyaient la royauté bien finie[2], envoyaient assurer le gouvernement provisoire qu’ils aideraient sans arrière-pensée à son établissement. M. de la Rochejacquelein répétait partout que c’en était fait à jamais de la monarchie et faisait afficher sur les murs de Paris une adresse au gouvernement provisoire qu’il terminait par ces mots : Comptez sur moi[3]. Les familiers du Château, les aides de camp de Louis-Philippe, M. d’Haubersaërt, MM. Liadière, d’Houdetot, de Berthois, etc., ne se faisaient attendre ni à l’Hôtel de Ville ni dans les différents ministères. La famille Bonaparte, le roi Jérôme et son fils Napoléon, Pierre, fils de Lucien, adressaient au gouvernement provisoire des lettres toutes républicaines[4]. Le prince Louis-Napoléon accourait de l’exil. Enfin on recevait d’Algérie la soumission du duc d’Aumale et du prince de Joinville.

Assurément un pareil concours de dévouements et d’hommages était de nature à rassurer pleinement le gouvernement provisoire s’il avait conçu quelque doute sur sa légi-

  1. Voir au Moniteur le numéro du 21 mars et les suivants.
  2. Expression de M. Thiers.
  3. Voir dans la publication intitulée Murailles révolutionnaires, 9e livraison, l’adresse signée de M. de la Rochejacquelein.
  4. Voir aux Documents historiques, à la fin du volume, n° 21.