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DOCUMENTS HISTORIQUES.


VI


PROCLAMATION DE M. ODILON BIRROT, TROUVÉE DANS LE CABINET DU MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR, LE 24 FÉVRIER 1848.


Paris le 24 février 1848.

CYTOYENS DE PARIS,

Le roi a abdiqué. Désormais la couronne donnée par la révolution de Juillet repose sur la tête d’un enfant protégé par sa mère. Ils sont sous la sauvegarde de l’honneur et du courage de la population parisienne. Plus de cause de division parmi nous. L’ordre est donné aux troupes de ligne de se retirer dans leurs casernes notre brave armée a mieux à faire qu’à verser son sang dans de funestes collisions.

Mes chers concitoyens, désormais l’ordre est confié au courage et à la sagesse du peuple de Paris et de son héroïque garde nationale ; ils n’ont jamais failli à notre belle patrie, ils ne lui manqueront pas dans cette grave circonstance.

Signé : ODILON BARROT.


VII


FRAGMENTS D’UNE LETTRE DE M. LOUIS BLANC, ADRESSÉE A L'AUTEUR.


.....Le livre de M Garnier-Pagés contient mainte erreur d’affirmation, mainte erreur d’omission, et mainte erreur d’appréciation. Je remarque, entre autres choses, qu’il a présenté la scène qui eut lieu lorsque, pour la première fois, je me trouvai en présence des membres du gouvernement provisoire, de manière à faire penser que mon insistance à ne pas accepter le titre de secrétaire était l’effet d’une ambition personnelle qu’irrita la résistance. Je lui rends la justice de croire que s’il eût été à ma place, il n’eût pas été capable d’agir, dans des circonstances si propres à élever l’âme, par le motif qu’il semble me supposer. La vérité est — et si je me souviens bien, je parlai de façon à lever tout doute à cet égard, — qu’il y avait là une question d’une gravité extrême, et dans laquelle les petits calculs d’une petite