Page:Agoult - Histoire de la révolution de 1848, tome 2.djvu/117

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
113
DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

mes et mes enfants suivant ma religion. Je ne souhaite autre chose que de suivre la voie de mon père et de mes aïeux, que de m’ensevelir aux lieux saints, dans l’adoration de Dieu, jusqu’à la mort. » Et à la prière de M. Ollivier, il signait le serment solennel de ne jamais reprendre les armes contre les Français[1]. Quant au séjour en France, « cela n’est pas possible, disait-il encore avec son inflexible douceur. Nous sommes trop différents, répétait-il en faisant glisser entre ses doigts les grains de son chapelet ; vous montrez vos femmes et nous cachons les nôtres ; vous portez des vêtements étroits et nous en portons de larges ; nous n’écrivons pas du même côté ; nous n’avons pas la même religion ; nous ne pouvons pas vivre sous le même soleil. »

Cependant M. Ollivier fit de vives instances auprès du gouvernement provisoire pour obtenir la mise en liberté d’Abd-el-Kader, mais ses demandes restèrent sans effet. À la vérité, M. Arago écrivit à l’émir une lettre pleine d’égards où il promettait d’examiner ce que le gouvernement était à même de faire ; mais l’examen de M. Arago, pas plus que les négociations de M. Guizot, ne devait apporter aucun changement dans la condition d’Abd-el-Kader. La République agit envers l’illustre captif exactement comme l’avait fait la monarchie.

Le commissaire envoyé par M. Ledru-Rollin dans les quatre départements du Gers, du Tarn, de Tarn-et-Garonne et de Lot-et-Garonne, appartenait, ainsi que M. Reppelin, à l’école de la république dictatoriale. M. Jolly, avocat, député de l’Ariége en 1851, élu à Toulouse en 1859, non réélu en 1846, défenseur des accusés républicains dans le procès d’avril, était l’un des plus caractérisés entre ces républicains armés de toutes pièces auxquels, depuis la circulaire du 8 mars, on donnait, un peu ironiquement, le nom de républicains de la veille. Il possédait à fond la pra-

  1. Voir aux Documents historiques, à la fin du volume, no 8.