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HISTOIRE

M. Cabet avait eu pendant qu’il était député des relations bienveillantes avec M. de Lamartine. Il avait confiance dans ses intentions et souhaitait de prendre de l’influence sur lui pour le soustraire aux intrigues du National qu’il jugeait funestes à la République. Il ajournait de lui-même l’application des doctrines communistes. Les proclamer prématurément ce serait, pensait-il, effaroucher l’opinion et ruiner l’établissement républicain. Aussi se montra-t-il sincèrement disposé à soutenir le gouvernement provisoire. Le jour qu’il ouvrit son club, il fit afficher dans tout Paris une déclaration de principes, où il disait explicitement que les Icariens entendaient ne porter aucune atteinte ni à la famille ni à la propriété[1]. Pendant toute la durée du gouvernement provisoire, M. Cabet demeura fidèle à ce programme et, malgré son mécontentement et sa défiance, il contribua en plusieurs circonstances à sauver la majorité du conseil des complots qui se tramaient contre elle.

Indépendamment de ces clubs principaux, il s’en forma une multitude d’autres[2] dans tous les quartiers populeux de Paris. Le directeur des ateliers nationaux institua, le 2 avril, un club central composé de délégués élus par les travailleurs et qui se réunissaient sous sa présidence plusieurs fois la semaine. Les rédacteurs du National organisèrent le club ou comité central des élections, sous la présidence de M. Recurt.

Les phalanstériens, présidés par MM. Considérant, Cantagrel, Laverdant, Hennequin, continuèrent, sans y mêler beaucoup de politique, l’enseignement de l’école. Le club de l’Arsenal et le club des Quinze-Vingts, très-violents, mais très-surveillés, attiraient chaque soir les prolétaires. Les étudiants du quartier du Panthéon se rassemblaient au club de la Sorbonne et au club du 2 Mars.

Quelques clubs conservateurs ou légitimistes, le club ré-

  1. Voir aux Documents historiques, à la fin du volume, no 1.
  2. Voir aux Documents historiques, à la fin du volume, no 2.