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Page:Agoult - Histoire de la révolution de 1848, tome 2.djvu/214

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HISTOIRE

nements et montrer ce qui arriva. Assistons à la cérémonie solennelle de son installation.

Un soleil splendide éclaira cette journée. Vers onze heures du matin, les membres du gouvernement provisoire et leurs ministres, réunis au ministère de la justice, se mirent en marche et se dirigèrent, par la rue de la Paix, par les boulevards et par la place de la Concorde, vers l’ancien Palais-Bourbon. Précédés du commandant en chef de la garde nationale et de son état-major, ils marchaient tête nue entre deux officiers, l’épée à la main, suivis de tous les maires et adjoints de Paris et de la banlieue. Une acclamation ininterrompue, partant à la fois de la foule pressée sur le passage du cortége, de toutes les fenêtres et de tous les toits des maisons, salua ces hommes de cœur qui, sans faire un seul acte de despotisme, sans verser une goutte de sang, sans attenter à aucune liberté, avaient inauguré en France, dans les circonstances les plus critiques, le règne de la démocratie. Ce ne furent pas des applaudissements commandés, mais un mouvement spontané de reconnaissance qui éclata à la vue de ces premiers citoyens de la nouvelle République, qui venaient rendre à la représentation légale du peuple le pouvoir qu’ils tenaient de son acclamation.

Le canon des Invalides annonça l’entrée du gouvernement dans la salle des séances. L’Assemblée tout entière se leva pour le recevoir, au cri puissant et prolongé de : Vive la République !

L’aspect de la salle, construite à la hâte et provisoirement dans le Palais-Bourbon, décorée sans style, sans goût et sans magnificence, eût mieux convenu au parlement des États-Unis d’Amérique qu’à l’Assemblée nationale de la République française.

Aucun des représentants, à l’exception de M. Caussidière, ne s’était conformé au décret qui leur imposait un costume imité de la révolution ; la plupart ne portaient d’autre signe distinctif qu’une rosette rouge et or à la bou-