Page:Agoult - Histoire de la révolution de 1848, tome 2.djvu/253

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
249
DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

depuis le 24 février, avait repris dans le parti républicain une certaine importance. Il avait renoué son ancienne intimité avec MM. Barbès et Marrast[1] ; il était entré en rapports avec M. Carlier et voyait même M. de Lamartine, qui se servait volontiers de ces sortes d’agents, les supposant plus influents ou plus dociles qu’ils ne l’étaient en réalité. Captif pendant dix-sept ans dans les prisons d’État, Huber se croyait des droits à la reconnaissance publique, et très irrité d’avoir échoué aux élections du département d’Indre-et-Loire, il sollicitait de la commission exécutive la place d’intendant du domaine du Raincy, en insinuant qu’il dépendait de lui de faire ou de défaire à son gré une émeute populaire. Le 14 mai au soir, comme il pérorait dans son club, où il venait d’annoncer définitivement pour le lendemain la manifestation déjà plusieurs fois ajournée, on lui remit, sous un pli de l’Hôtel de Ville, sa nomination, que M. Marrast venait de faire signer au conseil. « C’est trop tard ! » murmura Huber, tout en continuant sa harangue. Il était trop tard, en effet ; pour prévenir la manifestation, mais il était temps encore de la faire avorter, et c’est à quoi il s’employa, dès ce moment, de tous ses moyens.

Depuis plusieurs jours, M. Buchez était averti qu’il se préparait quelque chose, et l’Assemblée qui, dès les premiers jours de sa réunion, avait pourvu à sa sûreté en investissant son président du droit de requérir la force armée, voulut parer plus complétement encore au danger d’une invasion tumultuaire, en rendant un décret qui interdisait l’apport des pétitions à sa barre.

    près convaincu d’avoir, depuis cette époque, fourni au gouvernement de Louis-Philippe des renseignements sur le parti républicain. (Voir les débats du Procès de Bourges et particulièrement la déposition du témoin Monnier. — Voir aussi, dans les journaux du mois de janvier 1852, la demande en grâce qu’Huber adresse de Belle-Isle au prince Louis-Napoléon Bonaparte).

  1. Il a été établi (affaire Hardouin), qu’après le 15 mai, Huber a continué de voir M. Marrast et qu’il a touché six cents francs de la commission des récompenses nationales, sur les secours destinés aux blessés de février.