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HISTOIRE

Louis-Philippe, exilé sous la République. Les orléanistes, qui se croyaient, déjà plus près du but, imprimaient des pancartes où l’on posait la candidature du prince de Joinville pour les élections prochaines à la représentation nationale.

L’attention publique venait de se tourner de nouveau vers les princes de la famille d’Orléans. L’Assemblée nationale avait voté, à la majorité de 631 voix contre 64, le 26 mai, un décret portant que le territoire de la France et de ses colonies, interdit à perpétuité à la branche aînée des Bourbons, par la loi du 10 avril 1852, était interdit également à Louis-Philippe et à sa famille[1]. Le peuple, qui aime la politique généreuse, n’approuvait pas ce décret. Les partisans de la maison d’Orléans en profitèrent pour la rappeler à la mémoire des habitants de Paris, qui, dans les préoccupations de la crise révolutionnaire, avaient oublié, ou peu s’en faut, le roi et les princes.

La famille royale, un moment dispersée après le 24 février, s’était réunie à Claremont, jolie résidence dans le voisinage de Londres, qui appartenait au roi des Belges. Elle y vivait dans la retraite, peu importunée de visites, avec une frugalité et une économie poussées jusqu’à l’excès. C’était la volonté de Louis-Philippe. Soit qu’il voulût prouver ainsi la fausseté des bruits qui l’accusaient d’avoir, depuis son avènement au trône, placé en Angleterre des capitaux considérables, soit qu’il ne se fiât pas entièrement aux assurances du gouvernement provisoire, et qu’il craignît après le séquestre la confiscation de ses propriétés[2],

  1. La plupart des amis de la famille d’Orléans votèrent pour ce décret. M. Odilon Barrot, selon son habitude, s’abstint ; M. Louis Blanc vota contre.
  2. Louis-Philippe méconnaissait en cela les intentions loyales du gouvernement provisoire. Dans la plus extrême pénurie d’argent, alors que les hommes réputés conservateurs conseillaient de réunir les domaines de la maison d’Orléans à l’État, le gouvernement, si divisé sur d’autres points, resta d’accord pour repousser ce conseil. M. Ledru-Rollin, sollicité par ses amis de donner ces biens au peuple, s’y refusa