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DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

tions de chaque association sont librement débattues et arrêtées entre les intéressés.

« Art. 2. L’État n’intervient que par les encouragements qu’il fournit. Les encouragements de l’État sont indépendants des institutions de crédit destinées à favoriser le travail agricole et industriel. »

Le rapport de M. Corbon, dont toutes les expressions sont ménagées, son projet de décret qui, pour n’être pas la consécration du droit au travail, reconnaît cependant la légitimité et l’utilité des associations, aurait peut-être, s’il eût été adopté par acclamation, fait tomber les armes des mains de cette partie honnête et loyale de l’insurrection à laquelle les menées des factieux n’avaient point eu de part, et qui s’était soulevée uniquement dans la pensée que l’Assemblée nationale voulait, comme le pouvoir exécutif, se débarrasser des prolétaires. L’association était, en ce moment, l’idée fixe des ouvriers de Paris. Ils voyaient sous cette forme tous les progrès qu’ils avaient attendus de la proclamation de la République. On leur avait persuadé que la bourgeoisie et le gouvernement, influencés par les royalistes, s’opposaient à l’association, dans la crainte que le prolétariat y trouvât la force de s’arracher à la tyrannie des patrons, ou, comme on parlait alors, que le travail s’affranchît du capital. M. Corbon, ouvrier lui-même, connaissait bien cette disposition du prolétariat ; son projet était conçu dans un esprit d’humanité et de véritable politique, que l’Assemblée, troublée par la peur du socialisme, travaillée et trompée par des hommes de parti, ne voulut ou ne sut pas comprendre ; elle ne donna aucune marque d’assentiment au rapport et prononça la question préalable.

Quelques instants après, M. Garnier-Pagès vint excuser la commission exécutive de ne s’être pas rendue plus tôt au sein de l’Assemblée. « Elle a été tout occupée, dit-il, à prendre des mesures de vigueur ; elle en va prendre de plus vigoureuses encore. » Il déclare qu’il faut en finir.