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DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

semblée nationale veut consacrer, par tous les moyens possibles et pratiques, le droit qu’a tout homme en venant au monde de vivre en travaillant ; qu’elle veut développer, par des subventions et des encouragements de toutes sortes, ce grand principe de l’association, destiné à unir librement tous les intérêts, tous les droits. » M. Considérant demande à l’Assemblée de nommer une commission, afin d’entendre la lecture de sa proclamation. M. Baze s’y oppose. « Il ne faut pas, dit-il, que l’Assemblée tienne un langage opposé aux actes du gouvernement ; il faut laisser faire le général Cavaignac. » La proposition de M. Considérant est écartée. Quelques instants après, M. Caussidière la reproduit sous une autre forme. Il supplie l’Assemblée d’envoyer un certain nombre de représentants, accompagnés d’un membre de la commission exécutive, dans les faubourgs, ce soir même, à l’instant, sans perdre une minute, et de lire aux flambeaux, devant les barricades, une proclamation conciliante. C’est à peine si on écoute. « On ne raisonne pas avec les factieux, s’écrie M. Bérard, on les bat ! » M. Caussidière reprend avec chaleur, affirme qu’en accédant à ce qu’il propose, l’Assemblée ramènera l’ordre et fera cesser l’effusion du sang. Comme il sait qu’on le suspecte, il offre de se mettre à la tête de la députation, de se livrer en otage. « Mais, de grâce, dit-il, ne perdez pas de temps, empêchez Paris de s’entr’égorger demain ; n’attendez pas d’autres nouvelles. Les clubs du désespoir sont en permanence ! — Vous parlez comme un factieux : à l’ordre ! » s’écrie-t-on.

M. Duclerc, au nom du gouvernement, prie l’Assemblée de ne pas se faire « pouvoir des rues. » Une catastrophe peut arriver, dit-il, alors où serait le gouvernement ?

L’Assemblée, après avoir rejeté la proclamation de M. Considérant et la proposition de M. Caussidière, adopte une proclamation à la garde nationale que propose M. Senard. Cette proclamation, en parlant de l’incendie qui déjà désole la cité, des formules du communisme et des excitations au pillage, qui se produisent sur les barricades, dé-