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DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

ouvre le feu par le faubourg du Temple. Les soldats s’élancent en avant. Un jeune homme paraît sur la barricade ; il agite en l’air un mouchoir. Il fait signe qu’on veut parlementer. Mais il n’est plus temps. Les soldats sont lancés au pas de course ; il n’y a plus moyen de les retenir. Le bruit des détonations étouffe la voix du parlementaire. Il disparaît dans un nuage de fumée.

Après un quart d’heure de combat, le feu des insurgés s’éteint. La troupe franchit la barricade. M. Edmond Adam y monte un des premiers, au cri retentissant de : Vive la République !

La troupe s’arrête un moment. Les insurgés se retirent avec lenteur, derrière les barricades qu’ils s’apprêtent à défendre. Il n’y en a pas moins de soixante-cinq depuis la place de la Bastille jusqu’à la barrière du Trône.

M. Adam, MM. Ducoux et Lacrosse, représentants du peuple, s’avancent dans le faubourg pour tâcher de prévenir de nouveaux et inutiles combats. Ils s’adressent aux insurgés ; ils les supplient de jeter leurs armes. Ceux-ci ne peuvent encore s’y résoudre. Déjà, cependant, on voit paraître, d’un côté, la tête de la colonne du général Perrot, de l’autre, l’avant-garde du général Lebreton qui s’avance par la route de Vincennes.

Les insurgés, qui d’abord ont battu lentement en retraite en brûlant leurs dernières cartouches, comprennent enfin que tout est perdu et commencent à défaire leurs barricades ; les femmes qui sentent que c’est un moyen d’éviter les derniers malheurs s’y emploient avec eux. Les plus fiers d’entre les combattants, les plus énergiques, ceux qui ne sauraient se résigner à cette humiliation, se dispersent dans la plaine[1].

  1. Les communes de la Chapelle et de Belleville furent occupées simultanément ; celle de la Villette ne se rendit qu’à sept heures du soir ; après la prise d’une dernière barricade, à la barrière des Amandiers, où le général Courtigis fut blessé : On procéda immédiatement au désarmement de ces trois communes qui avaient été des centres d’insurrection très-ardents.