Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/124

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écartaient dédaigneusement les ouvertures qui leur étaient faites à ce sujet. Bientôt même leurs assemblées provinciales présentèrent au prince d’Orange une remontrance par laquelle elles l’exhortaient à défendre les Pays-Bas, avec l’aide de Dieu et de leurs propres forces, sans plus demander de secours étrangers, s’offrant à fournir deux cent cinquante mille florins par mois, pour leur part des frais de la guerre.

Dans ces perplexités, l’assemblée des états généraux et les magistrats d’Anvers en référèrent à Guillaume et voulurent avoir son sentiment, en lui laissant entendre qu’on ne serait pas éloigné de lui décerner le pouvoir dont le duc d’Anjou avait fait un si mauvais usage. Guillaume n’hésita pas, au risque de compromettre beaucoup son influence, à leur faire connaitre toute sa pensée. Le 1 février 1583, il remit aux états un mémoire qui traitait à fond et en toute sincérité cette question si grave. Sans s’arrêter un instant à l’hypothèse qui lui conférait le pouvoir, il y avait, disait Guillaume, trois partis à prendre : se soumettre au roi d’Espagne, se défendre par ses propres forces, s’accorder avec le duc d’Anjou. Mais, à la manière dont il déduisait les conséquences de ces trois résolutions, il était facile de voir qu’il n’en admettait qu’une. Il montrait la France ennemie, ouvrant désormais un libre passage aux armées espagnoles ; il rappelait aux états qu’ils manquaient d’argent, qu’ils n’avaient aucun défenseur, qu’ils étaient exposés au ressentiment du