Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/152

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avec Élisabeth, avec la reine Catherine, avec Henri de Navarre, que la diversité des opinions religieuses ne devait pas faire obstacle à la constitution de l’État. Bien éloigné cependant de cette indifférence qu’on lui a tant reprochée, et toujours sensible à l’honneur du nom chrétien, il vécut, selon sa propre expression, « en conformité avec la volonté de Dieu. » Il accomplit une des plus belles révolutions qui aient étonné le monde, sans avoir sacrifié délibérément d’autre vie que la sienne, d’autres biens que ceux de sa maison ; et l’on peut dire avec vérité, en le comparant aux héros de tous les temps, et surtout à ceux de son siècle, que Gullaume de Nassau fut, sinon le plus grand, du moins le plus accompli, le meilleur des grands hommes.

Sa mort montra mieux que tout le reste quelle place il avait occupée dans le monde, et comment son existence s’était noblement confondue avec celle de la patrie. L’Europe crut la République entrainée dans sa tombe.

Mais la Hollande possédait, sans qu’il se fût encore complétement révélé, un grand citoyen ; et Guillaume léguait à la patrie, dans le second de ses fils, un grand capitaine. Le génie de Barneveldt, qui veillait sur la liberté, et l’épée de Maurice, à demi tirée déjà hors du fourreau, impatiente d’une juste vengeance, allaient forcer les dieux à prendre parti pour le droit, et repousser les envahisseurs enhardis de la République batave.


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