Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/166

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ront point de honte au nom français. » Et le chancelier offrait à Henri III la souveraineté des Provinces-Unies telle que l’avait possédée Charles-Quint ; s’engageant, bien que ces provinces eussent immensément souffert, à lui remettre « quatre-vingt-dix villes closes, garnies d’artillerie, de munitions et de vivres, sans compter les citadelles et les châteaux ; bon nombre d’excellents havres. de navires de guerre et de bâtiments marchands, avec plus de gens de marine et de choses nécessaires à la navigation qu’aucune autre puissance de l’Europe. » Ce tableau n’avait rien d’exagéré. Malgré les succès de Farnèse et l’ébranlement de la République, ce qui restait encore intact des Provinces-Unies eût été pour la France une acquisition précieuse et la plus belle extension de territoire qu’elle ait jamais pu convoiter. Par une combinaison de circonstances tout à fait extraordinaires, les provinces de l’Union jouissaient d’une prospérité incroyable. Tandis que les provinces soumises à Philippe II languissaient et dépérissaient à vue d’œil ; tandis que les villes opulentes, les campagnes fertiles des Flandres et du Brabant se dépeuplaient et demeuraient incultes, malgré l’or de l’Espagne, la République, en dépit de sa faiblesse politique, des embarras d’un gouvernement multiple et d’un État formé à peine, en dépit du lourd fardeau des impôts et de la stérilité de son territoire, voyait sa population s’accroitre et trouver dans l’extension du commerce et de la navigation, avec l’emploi de son activité, des res-