Page:Agoult - Lettres républicaines.djvu/108

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qu’il contienne en germe, selon moi, tous les progrès de l’avenir, je le vois encore, quant à présent, soumis dans son exercice à des hasards incalculables ; et ces hasards imprévus, ajoutés aux difficultés de notre situation révolutionnaire, importunent ma raison qui les voudrait écarter.

Il ne faut pas se dissimuler un fait très grave, c’est le défaut d’équilibre entre nos institutions et nos mœurs ; entre les droits dont notre orgueil s’est fait un besoin et la capacité de les exercer, rendue à peu près nulle par l’insuffisance de notre éducation politique. Appelée brusquement, sans préparation aucune, à prendre une part directe aux affaires du pays, la classe pauvre en a conçu une sorte d’étonnement, presque d’effroi, une défiance d’elle-même surtout qui la livre aux influences les plus fâcheuses et donne prise aux plus téméraires ambitions.

Je sais que c’était là un mal évitable ; car, tout en reconnaissant qu’un vaste système d’instruction publique aurait dû frayer les voies à la souveraineté du peuple, on ne peut nier que sans le suffrage universel aucun gouvernement n’aurait jamais senti la nécessité de cette éducation générale. Il a donc fallu sortir violemment d’un état auquel il n’était point de remède régulier. Mais pour avoir été inévitable et pour être transitoire, l’inconvénient, j’allais dire le danger, ne m’en paraît pas moins sérieux.

Écoutez M. de Genoude, il vous dira que le suffrage universel porte dans ses flancs la restauration d’Henri V. Les orléanistes y voient avec une même certitude le retour du comte de Paris. Quant aux partisans de Louis Bonaparte, ils