Page:Agrippa d'Aubigné - Œuvres complètes tome troisième, 1874.pdf/12

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Tandis le moqueur admire
Le vers qu’il ne sauroit lire
Sans à part soy l’estimer,
Ce beau liseur qui efface
Autant comme il peut la grace
Du vers qu’il ne peut aymer.

Prens ton renvoy, ton refuge
A Ronsard ou un tel juge ;
Pour faire ton procès court.
Ta cause est assez obscure,
Et pour juge elle n’endure
Tous les singes de la court.

Ceste Epitette ne blesse
Ceux là desquels la sagesse
Fait les autres singiser,
Les courtisans que le reste
Seullement imite en geste,
Et non point à mespriser.

Tu verras l’outrecuidance
Des soldats de l’ignorance
Qui superbes, bien vestus,
Qui ne servent que Princesses,
Parent leurs cors de richesses,
Non leur esprit de vertu.

Je voy' l’ignorant bravache
Qui refrisant sa moustache
Et fronçant un hault sourcy
Dit aux Dames qui le fraisent
Que les poètes luy desplaisent,
Mais il leur desplaist aussi.