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LE PRINTEMS DU SIEUR D’AUBIGNÉ.
- D’autre orphevre, ny d’autre braize
- Que la flamme de l’amitié
- Pour mettre en lustre la nature
- Et la faire fi chere & pure
- Que son pris croistra de moitié.
Laissez travailler en vous mesme
- Cest ouvrier qui de pasle & blesme
- Paindra vostre lis de couleurs
- Qui feront de honte l’Aurore
- Se cacher & cacher encore
- Le Soleil, les astres, les fleurs.
Non, vous verrez fener la rose
- Quant vostre autre beauté declose
- Bravera le sein de Cloris :
- Les fleurs vermeilles périssantes,
- Mortes jalouses, languissantes,
- De despit perdront les espritz.
Le serf qui soubz vostre victoire
- Est enchainé pour vostre gloire,
Vous voiant surmonter ainsi
- Tant de captifz de mesmes armes,
- En plaisir changera ses larmes,
- En miel le fiel de foucy.
Je voy’ vostre premier esclave
- Qui de sa perte se fait brave
- Aiant pour compagnon les Cieux ;
- Ainsi au vaincu misérable
- La victoire est faite agreable
- Par le nom du victorieux.
Alors son amoureuse braise
- Ne sera que plaisir & qu’aise.
- Quant aiant poussé tant de vents
- Pour mettre le feu en vostre ame,
- Il en verra voller la flamme