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ODES. 131

Mes rages & mon dernier jour.

Tous deux pour voller ont des aelles,

Aveugles des yeux, des desirs,
De tous deux les jeux, les plaisirs
Sont paines & rages cruelles :
Ilz ne s’abreuvent que de pleurs,
N’aiment que les fers & les flammes,
N’affligent que les belles ames,
Ne blessent que les braves cueurs.

La Fortune est femme ploiable,

L’Amour un despiteux enfant,
L’une s’abaisse en triumphant,
L’autre est vaincueur ìnsuportable,
L’une de sa legereté
Change au plaisir le grand desastre,
Et l’autre n’a opiniastre
Plus grand mal que la fermeté.


VII

Soubs la tremblante courtine

De ces bessons arbrisseaux,
Au murmure qui chemine
Dans ces gazouillans ruiffeaux,

Sur un chevet touffu esmaillé des couleurs

D’un million de fleurs,
A ces babillars ramages
D’oisillons d’amour espris.
Au flair des roses sauvages
Et des aubepins floris,

Portez, Zephirs pillars sur mille fleurs trottans,

L’haleine du Printemps.
O doux repos de mes paines,