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182 LE PRIMTEMS DU SIEUR D'AUBIGNÉ,
- Qui apelle un pauvre coupable
« Mon filz » en le jugeant à mort.
- Ton ris, ainsi qu’une eau riante
- M’embrase d’une soif ardente
- Où rien que mon espoir ne boit,
- Et alors tu me trompes comme
- On fait un enfant d’une pomme
- En ne lui laissant que le doit.
Ainsi la mer nous espouvente
- D’une impitoiable tourmente
- Qu’elle cachoit dessoubz un ris.
- Tu fais mentir mon esperance
- Comme l’arbre qui trop s’advance
- Et fleurist sans porter les fruitz.
Ne gaste, en riant inhumaine,
- Les fruitz demy meurs de ma peine
- Et l'espoir de mon amitié,
- Ne me fois plus si gratieufe,
- Mais d’une face rigoreufe
- Fay’ moi congnoiflre ta pitié.
Ne me ris plus pour me destruire,
- Mais me fais heureux sans me rire,
- Car, ma Déesse, j’ayme mieux
- Voiant fy" sentant le contraire,
- Recevoir un ouy en collere
- Qu’un nenny d’un oeil gratieux.
- XXX.
Je vous ai dit que les chaleurs
- Du Ciel sont celles de ma vie,
- Et que de l'ame de mes pleurs
- Naissent les causes de la pluie,