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un traitement héroïque, pourtant bien simple : « Venez au bureau, M. Badin ? — Non, monsieur, je ne peux pas y venir, c’est plus fort que moi, je n’aime pas ça !!! »… La scène se termine sur une comparaison que fait M. Badin, entre ses collègues qui ne donnent à l’administration, que leur zèle, leur activité, leur intelligence et leur temps, et lui-même qui lui donne sa vie. Le directeur, espérant que son employé va lui remettre sa démission, reste estomaqué quand celui-ci, pour finir, lui demande une augmentation !!!

Messieurs, j’en ai fini avec la neurasthénie. Nous allons voir maintenant les troubles mentaux dans les dégénérescences.


IV. Dégénérescences.


Nous allons commencer par les dégénérés supérieurs, les déséquilibrés. D’après le professeur Régis[1]. les déséquilibrations forment la transition entre l’état normal et la folie. « Ce sont de véritables frontières où vivent des individus intelligents, parfois même brillants, mais incomplets et porteurs d’une tare qui se traduit par un défaut d’harmonie et de pondération entre les diverses facultés et les divers penchants. »

Les déséquilibrés sont des êtres complexes, hétérogènes, formés d’éléments disproportionnés, de qualités et de défauts contradictoires, aussi bien doués par certains côtés, qu’ils sont insuffisants par d’autres. Bien doués d’habitude, dans l’ordre intellectuel, possédant quelquefois à un très haut degré les dons de la parole, des arts, de la poésie, ils manquent le plus souvent de rectitude, de jugement, surtout de logique. Ce sont des utopistes, des rêveurs, des théoriciens, qui s’éprennent des plus belles choses et ne font rien.

  1. Loc., cit., pp. 441 etc… Dr E. Cullerre : Les Frontières de la Folie.