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gai, content de tout et de tout le monde, loquace, expansif. Son activité psychique semble augmentée et ses facultés intellectuelles deviennent plus brillantes, quand elles sont d’une bonne moyenne à l’état habituel. Le débile, en pareille circonstance ne gagne rien, au contraire, il perd vite le sentiment de la réalité, confond tout et devient rapidement absurde. À ce degré, l’homme ivre possède encore une demi-conscience et la faculté de se contenir, au moins dans une certaine mesure. Mais déjà il existe chez lui une sorte d’anésthésie morale, il ne s’étonne plus de rien. Après une heure ou deux, le tableau change, c’est la deuxième phase, phase d’ataxie physique et intellectuelle : confusion des idées, incoordination des mouvements, maladresse pour les actes les plus simples comme de mettre son chapeau, de revêtir son pardessus ; titubation dans la marche, langage incohérent, décousu, langue épaisse, parole embarrassée. À ces symptômes s’ajoutent quelquefois la diplopie, les illusions et les hallucinations visuelles, auditives ou tactiles qui déterminent chez le sujet des expressions absurdes de joie, de colère, de tristesse ou d’attendrissement, souvent entre-mêlées les unes avec les autres d’une façon tout-à-fait cocasse. Les nausées et les vomissements ne sont pas rares.

La troisième phase est la période comateuse, caractérisée par un sommeil profond, persistant ; la résolution complète des membres et l’abolition de toutes les fonctions de la vie de relation, la perte des reflexes, une anesthésie générale. Cette dernière phase peut durer un ou plusieurs jours et le sujet sort de l’accès courbaturé, fatigué, avec une céphalée intense. Il lui faut souvent un ou deux jours pour se remettre.[1]

Courteline nous présente plusieurs cas d’ivresse alcoolique. Voici d’abord une observation d’ivresse légère, ne dépassant pas la

  1. Gilbert Ballet, etc : Traité de Pathologie mentale, p. 381.
    E. Régis : Précis de Psychiatrie, 4e édition, p. 317.
    V. Magnan : De l’alcoolisme.