Page:Aicard - Jésus, 1896.djvu/24

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Mais en nous, contre nous, nous avons un recours,
C’est la bonté, c’est la pitié, c’est l’Évangile :
Nous sentons tout le reste incertain et fragile.
Le ciel est vide et noir ; et c’est la fin des jours ;

Mais le spectre d’un Dieu marche encor dans nos routes
Avec sa forme humaine au sens mystérieux.
Nos chemins effacés s’éclairent de ses yeux,
Et sa blancheur nous guide à travers tous les doutes.

Oh ! puisque la nuit monte au ciel ensanglanté,
Reste avec nous, Seigneur, ne nous quitte plus, reste !
Soutiens notre chair faible, ô fantôme céleste,
Sur tout notre néant seule réalité !

Ta force heureuse rentre en notre âme plaintive
Et même les tombeaux sont clairs de tes rayons…
Toi par qui nous aimons, toi par qui nous voyons,
Reste avec nous, Seigneur, parce que l’ombre arrive !