Page:Aicard - L’Illustre Maurin, 1908.djvu/100

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
82
L’ILLUSTRE MAURIN

mais, oui ! pas petite affaire ! un duel ridicule, un duel risible, un duel comme on n’en verra pas de longtemps le pareil, et qui a fait rire tout un village à la fois et que de village en village on se raconte maintenant partout ! Croit-il, ce brave Maurin, que l’orgueil le lui pardonnera ? Crains Caboufigue, Maurin. Tu l’as connu trop bas, tout en bas comme toi, tout en bas de l’échelle ! Ça le vexe. Et plus il monte dans la fortune, plus il te renie. Crains Caboufigue et le fils Caboufigue et tous les Caboufigue, toutes les boufigues (vessies) bouffies de mangeaille et de gourmandise et du vent de l’orgueil. Dommage que ce duel n’ait pas été un vrai duel ! Une boufigue crevée, on n’en aurait pas pleuré ! Si du bout d’un bon sabre on lui faisait une piqûre, ce n’est pas du sang qui sortirait d’un Caboufigue : c’est le vent de cette boufigue, le vent que je viens de dire, le vent de haine et d’orgueil, d’avarice et de vanité. Et le Caboufigue eût rendu l’âme avec un tout petit bruit, le bruit d’une boufigue qui crève… En sortant du dîner, quand le petit Caboufigue s’éloignait dans sa belle voiturasse, M. Rinal a dit : « Quand on les voit pendre, les inutiles, les égoïstes, les renégats du peuple, peuple d’hier qui aujourd’hui renie père et mère, quand par hasard — ce qui d’ailleurs n’arrive jamais — on les voit pendre ou pendus, — pendus il faut les laisser. » Ayant dit cela, il a bien parlé.

« Ce n’est pas moi Pastouré qui couperais la corde. Elle porterait malheur, la corde de ces pendus-là ! À la bonne heure, M. Noblet ! un bourgeois qui travaille, celui-là !… Attention, Gaspard !… une bécassine !… apporte, Panpan… Un bourgeois qui travaille, ce Noblet, et qui a face d’homme et non figure de ventre,